Ça fait plusieurs fois que je vois ce mot mal utilisé dans la prose de plusieurs personnes et comme ça me pique les yeux, je vais donc tenter de vous expliquer ce qui fait la différence profonde entre antan et d’antan.
Vous êtes prêt·e·s ? Allez, c’est parti !
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1) Antan, subst, masc. tire son origine de la contraction de l’expression latine ante annum qui signifie l’année d’avant, il y a un an. Ce mot s’employait, il y a de cela longtemps, très très longtemps, pour tout ce qui concernait l’année devançant celle en cours. Bref, on y avait recours pour parler de l’année dernière, de l’année passée, de l’année précédente, de celle qui venait de s’écouler. Antan faisait alors référence à un passé récent.
Exemples :
― La moisson d’antan n’a pas été bonne. → de l’année d’avant
― Le curé d’antan était plus proche de ses paroissien·ne·s. → de l’année dernière
― Elle a été forcée de sacrifier son béguin d’antan pour satisfaire aux plans de ses parents. → de l’année passée
Le sens ayant peu à peu glissé, antan signifie, de nos jours, jadis, autrefois, au temps passé, il y a longtemps, en ce temps-là .
Exemples :
― Te souviens-tu des bals d’antan et de leurs flonflons ? → du temps jadis
― Sa morgue d’antan avait disparu. Ses longues années d’errance l’avaient-elles apaisé ? → du temps passé
― Il a toujours été admiratif de ces chapelles d’antan tellement chargées d’histoire. → du temps passé
― Il portait l’uniforme des collégiens d’antan, celui à boutons dorés et revers aux manches. → d’autrefois
― Malgré la guerre et ses inévitables destructions, la ville avait gardé son charme d’antan. → de jadis
― C’est au détour d’une rue d’Avignon qu’il reconnut son amour d’antan. Elle n’avait pas changé, malgré le nombre des années… → d’il y a longtemps
Vous avez à coup sûr remarqué que le mot antan est presque exclusivement employé précédé de l’article partitif de élidé pour former la locution adverbiale d’antan. Dites-moi que vous l’aviez vu !
2) Toutefois, ON NE PEUT PAS COMMENCER UNE PHRASE par d’antan comme certain·e·s auteur·rice·s semblent le penser.
On écrira :
― Antan, les neiges étaient plus abondantes. → Autrefois
― Antan, les robes que la mode et les mœurs imposaient aux femmes étaient plus qu’encombrantes. → Jadis
― Antan, les villageois accouraient dès que le tocsin résonnait dans la campagne. → Il y a longtemps
― C’est antan que la blancheur de la peau était un signe de distinction. → au temps passé
On n’écrira pas :
― D’antan, les neiges étaient plus abondantes. → D’autrefois
― D’antan, les robes que la mode et les mœurs imposaient aux femmes étaient plus qu’encombrantes. → De jadis
― D’antan, les villageois accouraient dès que le tocsin résonnait dans la campagne. → D’il y a longtemps
― C’est d’antan que la blancheur de la peau était un signe de distinction. → du temps passé
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Mesdames et Messieurs les écrivain·e·s qui vous servez encore de ce joli mot, promettez-moi, dorénavant, de prendre soin de mes yeux. Rappelez-vous qu’antan = autrefois et que d’antan = d’autrefois. Enfin, commencer une phrase par d'antan, c'est assurément le risque d'être pris·e pour un·e pâle pisse-copie... 😉
SECTION BONNET D’ÂNE
Je suis quasi infaillible — si, si, je vous assure ! —, mais, si par le plus grand des hasards, j’ai oublié quelque chose, écrit une grosse ânerie ou commis une faute d’orthographe, vous qui l’avez repéré·e, vous êtes invité·e à vous manifester dare-dare que je corrige tout ça prestement ! Merci à vous.
Si vous arrivez à me tacler, j’afficherai pendant 8 jours — mon Dieu que c’est long ! — un bonnet d’âne sur l’article en question, ainsi que vos nom et prénom et une capture d’écran de la faute avant correction…
À vos marques, prêt·e·s ?… À vos dictionnaires et Bescherelle !